Neuestes Buch:
Nazis und der Nahe Osten
Wie der islamische Antisemitismus entstand
Der Spiegel, le 24 Juillet 2006
Ressentir de l’horreur, c’est une réaction normale à la violence quotidienne au Moyen-Orient. N’est-il pas temps de décréter un cessez-le-feu? Pas nécessairement. Le pacifisme ferait l’affaire des extrémistes.
Quand on parle d’Israël, l’opinion publique est très partagée en Europe. Pour la plupart des commentateurs la réaction exagérée d’Israël et son emploi disproportionné de la force doivent être condamnés. Mais en même temps, ils dénoncent la provocation du Hezbollah en soulignant les agressions incessantes de ses militants contre les civils israéliens. Les deux parties sont jugées à l’aune des mêmes critères et les deux parties sont accusées de la même manière d’être responsables de la conflagration actuelle.
Mais ce point de vue apparemment équilibré est trompeur. En réalité, les opinions publiques allemande et européenne ont pris position et elles se situent plutôt du côté de l’opprimé virtuel et contre Israël.
Cette attitude est pratiquement devenue un réflexe sur le continent. En 2003, 59 pour cent des Européens ont accusé Israël d’être le pays représentant la plus grande menace pour la paix dans le monde. Au troisième jour de la crise actuelle, les trois-quarts des Allemands interrogés étaient convaincus qu’Israël sur-réagissait et déployait trop de moyens en réponse au Hezbollah. Et depuis lors, les images venant de la zone de guerre ont imposé un slogan : le cessez-le-feu doit être proclamé dès que possible.
Je ne suis pas d’accord—et j’ai quatre raisons pour ne pas l’être.
Premièrement, le combat mené par Israël est juste. L’Allemagne et l’union européenne devraient soutenir Israël sans réserves.
Les islamistes ont attaqué Israël au sud et au nord, et Israël n’a pas d’autre choix que de réagir. Mais il y a plus. L’opération militaire menée par Israël est cruciale pour tout le monde occidental. Jusqu’en 2005, les islamistes avaient réussi à faire croire à l’Occident que l’« occupation » de Gaza et du Liban du sud était les seules raisons des attaques terroristes contre Israël. Nous avons désormais appris quelque chose de plus : les islamistes n’agissent pas pour changer la politique d’Israël dans la région, les islamistes veulent faire disparaître Israël. La même stratégie est employée à plus grande échelle : le conflit du Moyen-Orient n’est pas le moteur du conflit entre Téhéran et le monde laïc occidental. Il n’est qu’un alibi commode.
Le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad lui-même a insisté sur l’étendue du conflit entre l’Islam et le monde occidental. Quand, en octobre de 2005, il a appelé à l’élimination d’Israël, il a ajouté : « nous sommes au milieu d’un conflit historique qui dure depuis des centaines d’années. » Cette guerre, la guerre d’Ahmadinejad, n’a rien à voir avec l’accélération récente du conflit du Moyen-Orient. « La guerre actuelle en Palestine, » dit Ahmadinejad, n’est rien d’autre que « la frontière entre le monde islamique et le monde de l’arrogance. Nous devons prendre la mesure de l’ignominie de notre ennemi pour que notre haine sainte ne cesse de croître et frappe comme une vague. »
Rien ne vient préciser les limites de cette « haine sainte ». Elle ne dépend pas du fait qu’on soit Juif ou pas – l’unique critère est l’obéissance aveugle à la charia et la consécration de sa vie au Coran. Et cette « haine » ne cesserait pas même si Israël était rayé de la carte : l’islam prêche la soumission du « monde de l’arrogance » à la charia, annonçant ainsi que cette vague génocidaire et haineuse doit se répandre en définitive sur toute la terre. Pour réaliser leurs objectifs, les dirigeants iraniens ont annoncé que des milliers de candidats au suicide seraient envoyés sur différentes cibles à travers le monde. Les hommes et les femmes de l’armée d’Israël sont actuellement engagés sur le front de la bataille contre cette apocalypse : ne devons-nous pas leur apporter notre solidarité ?
Deuxièmement, Israël veut la paix.
Jusqu’ici, le gouvernement du premier ministre israélien Ehoud Olmert a réussi à lier clairement les opérations militaires et les objectifs politiques. Chaque étape peut être justifiée. D’une part, Israël considère le Liban comme un État souverain, ce qui le rend responsable de l’attaque du Hezbollah du 12 juillet, lorsque cette faction a enlevé deux soldats israéliens.
D’autre part, les objectifs de la guerre ont été clairement énoncés par Israël. Le 17 juillet, dans un discours devant le parlement du pays, la Knesset, Olmert a déclaré qu’Israël pratiquait l’« autodéfense minimale ». « Nous avons droit à la liberté » a-t-il dit. « Quand nous y sommes obligés, nous savons combattre pour défendre cette liberté. » Les combats ont pour but d’obtenir : a) l’exécution de la résolution 1559 des Nations Unies, qui stipule le désarmement de Hezbollah ; b) l’exécution de la résolution 5241 de l’ONU, qui stipule que le Liban du sud doit être sous le seul contrôle de l’armée libanaise, et c) le retour sans conditions des soldats israéliens enlevés.
Ce sont les objectifs de l’opération militaire israélienne. L’infrastructure du Liban est attaquée, mais seulement celle qui est utilisée pour l’armement et les opérations du Hezbollah. La population civile libanaise a été mise en garde avant les interventions dans les secteurs résidentiels, par des tracts et des messages radiodiffusés.
Le Hezbollah, de son coté, est mû par d’autres principes. Sa devise est : « Alors que tu aimes la vie, nous aimons la mort. » Il n’y a rien, s’enflamme Ahmadinejad, le patron du Hezbollah, « de plus beau, de plus saint, de plus éternel que la mort d’un martyr. » C’est ainsi que non seulement le Hezbollah est enchanté de tuer le plus de Juifs possible, mais il est tout aussi indifférent à la mort des musulmans chiites puisqu’il a basé stratégiquement de nombreux missiles en plein milieu des zones résidentielles chiites.
Tandis que le Hezbollah, avec ses missiles imprécis, essaie de tuer le maximum de civils israéliens, Israël, même s’il y a des ratés, essaie de limiter les pertes chez les civils libanais.
Troisièmement, il n’y a pas d’alternative à l’opération militaire actuelle d’Israël.
Le Hezbollah déposera-t-il les armes de son plein gré? Inutile d’espérer! Le Jihad contre Israël est à la base de l’existence même de ce groupe militant. Pour les membres du Hezbollah, la destruction d’Israël n’est pas seulement non-négociable, mais c’est aussi un devoir religieux. Le Hezbollah ne comprend que le langage de la violence et les militaires israéliens représentent la seule force capable de mettre efficacement en échec le Hezbollah. Une force des Nations Unies ne pourrait jamais faire ce qu’Israël est en train de réaliser.
En 1983, deux attentats suicides du Hezbollah ont suffi pour contraindre les États-Unis et la France à quitter le pays. Une force de l’ONU, qui ne pourrait jamais être aussi puissante, n’aurait aucune chance de faire mieux. C’est seulement si Israël était capable d’affaiblir durablement les terroristes que l’option de l’implantation d’une force de l’ONU pourrait être envisagée.
Les conditions pour affaiblir le Hezbollah n’ont jamais été aussi favorables que maintenant. Si les militaires israéliens ont assez de temps pour accomplir leur mission en cours, les chances de libérer le Liban de l’influence du Hezbollah augmenteront et l’on pourra créer les conditions d’une paix durable dans la région.
Si l’on garde ceci à l’esprit, la demande d’un cessez-le-feu immédiat n’est qu’un appel pour sauver le Hezbollah. Leur chef, le cheik Hassan Nasrallah, pourrait sortir de sa cachette et dire à ses combattants qu’ils ont victorieusement défendu l’existence et l’honneur du Hezbollah, même s’ils ont subi des pertes. Il pourrait également compter sur l’Iran pour financer la reconstruction des régions chiites détruites et proclamer que Hezbollah est le meilleur héraut des intérêts arabes. Un cessez-le-feu immédiat serait la garantie de la poursuite et de l’intensification de la guerre.
Quatrièmement, l’opération militaire menée par Israël a déjà des conséquences positives.
Les effets positifs de l’opération israélienne sont déjà visibles, avec une netteté qui a beaucoup surpris le Hezbollah et ses défenseurs. Alors que la politique du « dialogue critique » avec la dictature des mollahs en Iran et de violents groupuscules antisémites, soutenue en particulier par l’Allemagne, a contribué à renforcer ces groupes, l’offensive israélienne semble avoir inauguré un glissement de paradigme au Moyen-Orient : pour la première fois dans l’histoire du conflit du Moyen-Orient, une majorité écrasante de la Ligue arabe a pris ses distances avec « l’aventurisme dangereux » du Hezbollah. Jamais auparavant, le Hezbollah ni l’Iran (et indirectement le Hamas ) n’ont été aussi nettement désavoués.
Pour le moment, la réaction de la « rue arabe » montre qu’Israël a choisi le bon moment et la bonne méthode. Au printemps 2002, au plus fort de la deuxième Intifada, environ deux millions de personnes avaient envahi les rues, de Rabat à Bahreïn, pour manifester leur solidarité avec le Hamas. Cette fois-ci les choses ont été relativement calmes, et ceci bien qu’il s’agisse de la plus grande opération militaire israélienne depuis 24 ans. « J’ai rarement vu un tel soulèvement, en fait une Intifada, contre ces hommes barbus et enturbannés, dans le paysage musulman, comme ce qui s’est passé la semaine dernière », a écrit Youssef Ibrahim dans le New York Post. « Le chef du Hezbollah, cheik Hassan Nasrallah, a reçu un ‘non’ retentissement lorsqu’il a voulu impliquer 350 millions d’Arabes dans une guerre avec Israël sur le seul argument de ses habits religieux. »
De même, le premier ministre libanais Fouad Siniora a bien vu qu’une prise de distance avec le Hezbollah et le terrorisme que ce groupe représente, n’est pas possible sans l’affaiblissement d’une organisation qui a pu jusqu’ici maintenir le gouvernement libanais sous sa férule.
Enfin, le patron iranien du Hezbollah a proposé des explications hésitantes. Alors qu’Ahmadinejad annonçait le 12 juillet que l’on était à la veille de la destruction d’Israël, la contre attaque de ce pays l’a laissé sans voix pendant 48 heures pleines. Quand il a retrouvé la parole, il s’est contenté de dire qu’une attaque israélienne contre la Syrie provoquerait une riposte iranienne féroce. Mais il n’a rien dit de l’attaque en cours contre ses proches alliés au Liban. Les discours belliqueux de Téhéran et de Damas se sont avérés n’être qu’une rhétorique creuse : ni l’un ni l’autre n’a cherché à défendre sérieusement le Hezbollah. L’offensive d’Israël est ainsi parvenue à affaiblir l’image régionale d’Ahmadinejad.
Naturellement les succès politiques d’aujourd’hui n’éliminent pas la possibilité de mauvaises surprises demain. Les islamistes dénoncent furieusement la “trahison” de la Ligue Arabe et essayent de mobiliser les extrémistes en Jordanie, en Egypte et en Arabie Saoudite. Le succès de leur entreprise est une question qui n’est pas encore tranchée. Les dirigeants iraniens se sont même efforcés d’affermir la résolution de Hezbollah : “Fais du bon travail Nasrallah” a dit Gholam-Ali Haddad Adel, le président du parlement iranien le 18 juillet. “Aujourd’hui nous sommes en train d’assister à la libération de la Palestine. La guerre vient à peine de commencer”. Il est difficile de prévoir l’attitude de l’Iran. Acceptera-t-il la défaite de ses alliés islamistes ou se lancera-il dans une escalade en envoyant des kamikazes au Liban et en Europe ?
En tout état de cause, Israël ne peut pas bénéficier de circonstances plus favorables, d’autant que la Chambre des Représentants des États-Unis vient de lui accorder son soutien inconditionnel par 410 voix contre 8.
Le spectacle de Beyrouth Sud transformé en tas de pierres est terrible, comme il est terrible de voir que des deux cotés, des civils ainsi que des soldats israéliens sont tués et blessés. Pire encore, l’Iran pourrait très bien apparaitre comme le vainqueur de cette guerre et utiliser ce conflit pour justifier des agressions ultérieures.
La réaction pacifiste que la guerre défensive israélienne a déclenchée en Allemagne et en Europe n’est ni judicieuse ni sincère. En même temps elle est contre-productive. Un cessez-le-feu immédiat aurait pour seul effet un conflit encore pire à l’avenir. Les conclusions tirées de la deuxième guerre mondiale déclenchée par Adolf Hitler—“Plus jamais de fascisme ! Plus jamais de guerre!” –avaient pour but de proscrire pour toujours une nouvelle guerre antisémite. Aujourd’hui, cette leçon a été oubliée. “Plus jamais de guerre contre le fascisme” voila tout ce qu’il en reste.
On ne doit pas contraindre Israël à d’abandonner sa guerre contre Hezbollah : il faut au contraire qu’il remporte la victoire dans ce conflit. Alors que le Hezbollah mène une guerre par procuration pour le compte de l’Iran, Israël combat l’islamisme génocidaire au bénéfice du monde occidental tout entier. La moindre des choses, c’est qu’Israël puisse compter sur l’Occident et qu’il ne soit pas trahi.
Matthias Küntzel est spécialiste de sciences politique et de communication à Hambourg. Il a écrit «Djihad et haine des Juifs ”
Traduction: Objectif-Info